Millésime 2023 : Hétérogène en quantité mais homogène en qualité
A Pessac-Léognan, la qualité du millésime 2023 ne reflète pas celle de Bordeaux en général, constatée très hétérogène. Sur notre territoire les vins sont cohérents et d’un niveau de qualité magnifique :
Des vins blancs très aromatiques avec une acidité présente pour une garde longue.
Des vins rouges structurés plein de fruits et de finesse.
Comme Jaques Lurton le répète souvent, à Pessac-Léognan, le changement climatique n’est pas un problème qualitatif mais quantitatif.
L’hiver – dans les moyennes de ces vingt dernières années – a été normalement froid. Il est en somme très typique du climat océanique, avec de la pluie, mais sans excès.
Le printemps, lui, a été globalement plus chaud que la moyenne (le débourrement a eu lieu dans les derniers jours de mars). Les conditions ont été favorables à un débourrement homogène sur l’ensemble du territoire. L’épisode de gel de début avril n’a eu aucune conséquence significative sur le débourrement et sur les rendements.
Dès le début du printemps la vigne s’est mise à pousser de façon abondante, à un rythme difficile à soutenir pour les travaux agricoles et exposant les jeunes pousses aux maladies.
Plus que des précipitations abondantes, c’est en réalité la combinaison de températures plutôt chaudes et de pluies régulières – qui a provoqué une pression du mildiou sans précédent, qui n’a pas été la même pour tout le monde. Les pluies sous forme d’orages ne sont pas tombées de façon homogène affectant certaines parcelles et pas d’autres. Puis suivant le type de sol, la vigne a été exposée à une humidité différente. Faisant qu’à quelques mètres de distance, la réactivité au mildiou n’était pas la même. Le type de cépage a aussi joué. Le merlot étant la plus sensible de nos variétés, a subi, parfois, des pertes importantes.
Nos viticulteurs ont été soumis à très rude épreuve, beaucoup ne souhaitent pas retrouver une année de pression cryptogamique, comme celle-ci, avant longtemps.
L’été arrive heureusement plus frais que 2022, et avec une pluviométrie légèrement inférieure à la moyenne des 20 dernières années. Cependant la fin de l’été va être marquée par deux vagues de chaleur importantes. La première entre le 18 et le 24 Août. Les blancs arrivent à maturité avec parfois une pression botrytis importante. La sélection fine et le découpage des parcelles se sont imposés pour garantir la bonne maturité et la qualité aromatique. Ce travail fastidieux a été payant car le résultat est surprenant.
Entre le 4 et le 7 septembre, les températures montent encore d’un cran : on ramasse les cépages rouges issus de jeunes vignes ou plantés sur des terroirs de sables et de graves. Les précipitations autour du 10-12 septembre (35 mm d’eau le 12 septembre) reportent le reste des vendanges à la deuxième quinzaine de septembre. Tandis que la pluie apporte une légère dilution sur les merlots précoces, les cabernets (francs et sauvignons) et les merlots plus tardifs ramassés début octobre, bénéficient d’un mois de septembre et d’un début octobre estivaux (30°C jusqu’au 12 octobre). Les vendanges ont été saccadées et la patience à été récompensée.
Les cabernets sauvignons sont les grands gagnants de ce millésime. Leur niveau de qualité est impressionnant.
CINQ ÉLÉMENTS-CLÉS POUR COMPRENDRE LE MILLÉSIME 2023
L’attaque de mildiou en juin a créé une considérable hétérogénéité.
La pluie de la mi-septembre a redistribué le millésime.
L’été indien a donné un autre visage à ce millésime, après un été frais et des vendanges sur une période très longue : du 20 août au 8 octobre.
Un magnifique millésime de cabernets sauvignons.
Une année sans relâche que, aucun viticulteur souhaite revivre, alors que le résultat qualitatif est exceptionnel.
Ref biblio : Labo Rolland et Associés.
Sources climatologiques régionales